Le Vitiligo à nouveau médiatisé:
Lee THOMAS.
Atteint de vitiligo, Lee Thomas, un journaliste noir américain, a mis longtemps à accepter qu'il devenait blanc de peau. Cette maladie progressive de la pigmentation n'est certes pas mortelle mais représente une épreuve psychologique qui peut conduire jusqu'à l'exclusion. Aujourd'hui, Lee Thomas va bien mais n'oublie pas le chemin parcouru.
"Je suis noir. A la télévision, je deviens blanc, et les gens le voient", souligne ce présentateur de la chaîne de télévision Fox2. "Si vous m'avez regardé pendant toutes ces années, vous avez dû voir mes mains passer du brun au blanc." "On ne connaît ni la cause (de la maladie), ni son traitement, et le vitiligo frappe au hasard. On peut devenir totalement blanc ou en partie seulement", résume Lee Thomas.
Peu de gens, à part le corps médical ou les personnes touchées, connaissaient cette maladie jusqu'à ce que Michael Jackson la rende célèbre au début des années 90. Pourtant, environ 65 millions de personnes dans le monde en souffrent, dont deux millions aux Etats-Unis. Les experts soulignent que le vitiligo rend moins sûr de soi, attire des regards déplaisants et pousse parfois à s'isoler.
Lee Thomas, 40 ans, a décidé d'en parler ouvertement, de raconter comment cette maladie a pesé sur sa carrière et sa vie. Dans son livre intitulé "Devenir blanc: une étude du changement", il explique avoir rencontré d'autres personnes touchées, et être devenu le porte-parole célèbre de la Fondation nationale pour le vitiligo, basée à Colombus, dans l'Ohio.
"A quand remonte la dernière fois que vous avez vu quelqu'un atteint de vitiligo toucher votre nourriture? Pour le public, cela ressemble à la lèpre", explique Robert Haas, directeur de la Fondation. "Beaucoup de gens trouvent que cette maladie les a piégés et empêchés d'atteindre leurs objectifs."
C'était la crainte de Lee Thomas. A l'aide de crèmes et de maquillage, il dissimulait les taches qui s'étendaient sur son visage, ses bras et ses mains depuis l'âge de 25 ans, et à l'exception de ses proches, tout le monde ignorait son secret.
Tout a commencé en sortant de chez le coiffeur. En se regardant dans la glace, Lee Thomas a pensé que le coiffeur l'avait rasé. Mais à y regarder de plus près, c'était une tache pâle, de la taille d'une pièce. "J'en avais deux autres de l'autre côté du cuir chevelu, sur la main et une au coin de la bouche."
Cela ne l'a pas empêché de poursuivre sa carrière. Louisville, New York, Los Angeles et enfin Detroit, où il rejoint une filiale de la Fox, WJBK, en 1997. Sa confiance en lui, son sourire et son air positif affichés sur le plateau reflétaient son attitude hors du plateau aussi.
Mais un jour, lors d'un reportage dans une cour de récréation, son vitiligo est devenu tellement évident qu'une fillette effrayée par ses mains tachetées se met à pleurer. "J'ai cru que c'en était fini de ma carrière", se souvient-il.
Il se prépare au licenciement mais la directrice de l'information lui répond: "Attendons de voir ce qui va arriver", puis, "comme cela empirait, elle m'a encouragée à raconter mon histoire". Il finit par le faire à la télévision en novembre 2005 et prend des vacances sans attendre les réactions. "J'ai reçu 40 à 50 courriels par jour pendant son absence", raconte la vice-présidente de la WJBK, Dana Hahn. "Cela aide énormément de gens. En 12 ans à la Fox2, je n'ai jamais vu ce genre de réaction à une histoire!"
Le vitiligo, souligne le Dr Sancy Leachman, professeur associé de dermatologie à Université d'Utah, est très stigmatisant, au point que certaines personnes envisagent le suicide. "Elles croient qu'on les regarde tout le temps. Cela peut être très déprimant."
Lee Thomas reconnaît qu'il a parfois préféré la sécurité de la solitude au regard des inconnus quand il n'est pas maquillé. "Certains jours, je ne sortais plus de chez moi", se rappelle-t-il, mais "cela n'a jamais duré longtemps. Je connais des gens qui restent chez eux pendant des mois."
JeuneAfrique decembre 2007
Source: MJTarik du MJackson.