Dans un entretien avec le journal anglais The Telegraph, John Landis est revenu sur le phénoménal succès de Thriller.
Il a déclaré : "Ecoutez, Michael me doit probablement 10 millions de
dollars à l'heure actuelle parce qu'il a de lourdes dettes envers Sony.
Tout l'argent issu de la vidéo de Thriller, dont je détiens 50% des
droits, est collecté par Sony. Mon contrat est conclu avec la société
de Michael, et il doit à Sony une somme tellement importante qu'ils
gardent l'argent. Donc je ne le toucherai jamais. Poursuivre Michael en
justice, c'est un peu "Prenez la file d'attente".
Landis déclare ne pas avoir de ressentiment envers Michael Jackson et rester son ami. Thriller reste, pour l'un comme pour l'autre, le point culminant de leurs carrières respectives. Evoquant la sortie du vidéoclip sur MTV, Landis a déclaré que la vidéo avait fait de Jackson un "Dieu". "Ca a réellement lancé MTV. Et ça a créé tout ce commerce autour des making of. Ca a vraiment eu un impact commercial très fort. Et en plus, c'était un accident.
C'est arrivé uniquement parce que Michael m'a appelé après avoir regardé le film "American Werewolf". Je suis allé le voir avec Rick Baker, qui s'est chargé du maquillage à effets spéciaux sur ce film. Nous avions amené un gros livre de monstres pour qu'il le regarde. Il n'avait pas vu beaucoup de films d'horreur: il avait peur de ces trucs-là. Après les Blues Brothers, je voulais faire une oeuvre musicale de qualité avec de vrais danseurs, tournée correctement. J'ai essayé d'exploiter la célébrité de Michael pour réinventer le court-métrage. C'est pour cette raison que ça dure 14 minutes: cela correspond à 2 bobines de film, exactement comme un épisode de Laurel et Hardy ou un dessin animé de Bugs Bunny".
Landis garde encore des souvenirs forts de sa collaboration avec Jackson: "Travailler avec Michael, c'était terrible. Il avait plus de vingt ans mais se comportait comme un enfant gâté de 10 ans. Il était perturbé
émotionnellement mais tellement gentil et tellement doué".
Le réalisateur explique qu'il avait cherché à mettre en valeur la virilité
de Michael Jackson dans le clip, jugeant que la présence féminine dans
ses deux précédentes vidéos était proche du zéro absolu... "Je lui ai dit que je voulais trouver une jolie fille et qu'il y ait quelque chose de sexuel entre eux. Il m'a dit "Ok". Il disait oui à tout, même quand j'ai écrit cette phrase "I'm not like other guys" (je ne suis pas comme les autres mecs). Je l'ai prévenu "Mike, c'est de l'humour". Il m'a demandé pourquoi et je lui ai expliqué, "Parce que, Michael, tu es... hors du commun, et les gens interprèteront ça comme bon leur semble".
La jeune femme finalement engagée, Ola Ray, s'est avérée être une ancienne Playmate. Landis se souvient: "Je suis allé voir Michael, je lui ai dit et je lui ai demandé si je pouvais l'engager quand même. Il a répondu
"Bien sûr", mais je pense qu'il ne savait même pas de quoi je parlais".
Lorsque la vidéo de Thriller sortit sur les écrans, les Témoins de Jéhovah
s'élevèrent contre le clip, jugeant qu'il prônait une croyance en l'occultisme contraire aux préceptes de leur religion. Landis explique:
"Ils ont dit à Michael que c'était mal, que ça faisait l'apologie du satanisme et qu'il ne pouvait pas le sortir. J'ai dû négocier et mettre cette déclaration de m**** au début de la vidéo. C'était étrange mais en réalité, ça a eu une influence positive car cela a alimenté beaucoup de débats et de controverses. A ce propos, ce n'est pas Michael qui l'a écrite; c'est moi" (Landis fait allusion à la célèbre phrase "Due to my strong personal convictions, I wish to stress that this film in no way endorses a belief in the occult").
Le réalisateur déclare que sa dernière conversation avec Jackson remonte à quelques mois. Interrogé sur le moral du chanteur, il déclare: "Quand je lui parle, il se montre très drôle et très amical. Je suis triste de voir ce qu'il s'est infligé physiquement; c'est assez sinistre. Mais il a encore un talent énorme et je pense vraiment qu'il va faire son retour. On raconte qu'il va faire un de ces spectacles gigantesques à Las Vegas, comme Elton John ou Céline Dion. Pourquoi pas ? Il a encore des millions de fans" !